La brèche signe le firmament
L'espace au devant
L'espace au dedans
Et si la sagesse
Est de garder les yeux clos
J'ai vu
Ce qui de l'orée signe
Ta confidentialité
*
Si je me tiens là
Au plus près
Tu éclos insoupçonné
De ton insaisissable essence
Tu m'enveloppes
Comme l'infrason de nos mères
Nul besoin de prière
Ta permanence intrinsèque
Légitime ma cadence
Et convoque mon silence
*
Par ta caresse
J'instille le Lieu
Subtil
Fertile
Témoin de nos failles
Origine de nos mythes
*
Et j'inspire
A travers ton souffle
Interminable
Et j'espère
A travers ton ocelle
Indéfectible
La grande étreinte d'un dialecte
Qui cheville nos vestiges
*
De nos écumes
Naissent tes flots
Entrelacs singuliers
Où la fougue du cheval
Fière allure et vaillance
En résorbe notre effroi
En bravant nos limites
Tu emportes en ton cœur
Nos fragments de lâcheté
Et accueilles infini
De ton flux immanent
La misère de nos bruits
*
J'envisage
Ces peaux d'or et de limbes
A bas bruit dans nos veines
*
Encore
A l'ébauche d'un visage
Pressenti dans l'abîme
J'accroche
Par ton œil sanctifié
L'agrégat de reliques
En corps
Mais j'essuie le surplus
Pour qu'un peu nous touchions
L'auréole de ces tâches
La mesure de ta penne
*
Je garde les sédiments
De ton antre en mon creux
Refuge
*
J'approche l'étranger
Aux formes inconnues et pourtant familières
Périphérie fugace de nos rêves
Je hume ses fragrances
Bouleversantes icônes d'un taxon
Ponctuant mes errances
Dévoilant une lignée
J'apprivoise
Magnifiée de son chant
L'appel
*
Dans son regard qui n'exige rien
Elle s'adonne au repos
Respirer nu
Point de censure
Dans son regard qui honore
Il nous faudra nous y fondre
Et nous y boire peu à peu
Concéder nu
A l'entière traversée
Se meubler nu
De paroles oubliées
Et même si et surtout si
Dans son regard
Elle recouvre dignité
Du désastre en l'intime
Il nous faudra comprendre
Et la grâce et le lien
Dans l'opaque vérité
Approuver en entier
Le parcours et la perte
S'ouvrir en grand nu
A.N - 2019